Je voudrais arriver à un Art plus allusif et discret, dépouillé de tout superflu, où les formes s'effacent en laissant plus de place au rêve (comme aux premiers traits tracés par l'homme, avec des moyens rudimentaires, un peu de terre ou du noir de fumée sur des parois rugueuses).
Mais je cherche aussi un côté magique et mystérieux, qui réponde à mon besoin d'être fasciné par une oeuvre qui émane d'une atmosphère spirituelle et abolit la notion de temps et d'espace.
Une peinture non datable que stimule la sensibilité et intrigue la curiosité et laisse le regard libre pour découvrir une multitude de choses.
Mon univers est composé de lieux, rêves, souvenirs, cortèges, fêtes, scènes prises sur le vif. Il y a des hommes, des femmes, des chevaux, des ânes, des chiens, des paysages... Il y a en fait la vie tout court, mais une vie et des histoires suspendues dans une dimension onirique.
Les raisons des sujets sur Venise : parce que j'aime cette fusion du gothique européen avec l'accent décoratif de dérivation arabe et l'aisance précieuse de la tradition byzantine, ce qui donne une ville de beauté, d'élégance et de raffinement.
J'aime l'aspect rupestre, le grain et les formes de la fresque. Cela me rappelle Lascaux et ses grottes : ce sont de vrais musées, rien n'a été fait de plus beau depuis.
Mes sujets sont inspirés des hommes, des scènes de la vie... Je développe un monde et une personnalité en me confrontant à cette réalité. J'ai voyagé, fait beaucoup de croquis dans le sud de l'Italie, en Sicile ...
De retour à l'atelier, ces quelques notes me rappellent mes émotions instantanées et j'essaie de les faire partager.
Ma peinture n'est pas accessible à tout le monde, elle est spéciale.
Je crois que l'on est influencé par son environnement : Bonnard aurait-il réalisé la même oeuvre s'il avait vécu au Japon ?
Moi, je peins mon enfance passée entre Rome et Anticoli-Corrado, en campagne romaine.
Anticoli-Corrado, où depuis des siècles, des artistes italiens et étrangers séjournent pour la beauté du lieu.
Le calme, la sérénité de ses fêtes religieuses et campagnardes, les laboureurs, les bêtes, les arbres, frappent toujours mon imagination.
Le tableau doit avoir une impression d'unité, puis ensuite on doit y découvrir une trace, une impression, des couleurs passées, une empreinte diluée, un effet de poudre.
Je veux aller à l'essentiel, presque à l'archaïque.
Il faut que ce soit simple. C'est une voie que j'expérimente chaque jour davantage.
Au mérite d'être la plus grandiose et la plus prompte, la peinture « a fresco » a l'immense avantage d'être la plus durable.
Manière de peindre avec des couleurs détrempées dans de l'eau de chaux, sur un enduit frais (plâtre de chaux).
La fresque est la forme la plus parfaite de la peinture monumentale.
L'Histoire ne nous donne ni l'époque, ni l'origine, ni même l'auteur qui le premier a pratiqué l'art de la fresque. Mais son usage remonte fort loin dans le passé : on en trouve des vestiges dans les temples égyptiens. En Italie, les fresques les plus remarquables ont été trouvées à Herculanum et à Pompéi.
Entre 1200 et 1600, la fresque prit une telle vogue que cet art atteignit son apogée avec des peintres comme : CIMABUE, GIOTTO, PIERO DELLA FRANCESCA, BEATO ANGELICO, MICHEL-ANGE, RAPHAEL, etc.
La peinture à la fresque est la peinture la plus durable. Sèche, elle conserve presque indéfiniment ses teintes.
Une fresque bien faite ne craint ni la lumière, ni la poussière, ni les changements de température, et elle défie les siècles.
Mes fresques sont le fruit d'études et de recherches afin d'obtenir la même technique que les fresques anciennes, mais avec une praticité moderne, elles sont transposées sur toile pour faciliter leur transport.
Enfin, je laisse une marge peinte en blanc autour de l'oeuvre proprement dite, afin de donner à celle-ci une meilleure sensation de « fresque murale ».