« Je voudrais faire des tableaux avec beaucoup de choses, avec toutes les contradictions. Avec l'inattendu. » Viera da Silva En créant des oeuvres qui parlent subtilement au coeur et à l'esprit, Claire Roger lance une véritable invitation à laisser s'exprimer l'imaginaire. Ses céramiques en terres mélangées (flacons, plats, sculptures) sont des objets-évasions faits pour la contemplation. D'un raffinement extrême, elles nous entraînent dans un sentiment de beauté rare. La technique de fabrication est très particulière : les terres sont colorées dans la masse puis découpées en petits morceaux qui seront assemblés avec une infinie patience pour créer l'objet. L'art et l'imagination de Claire Roger font le reste. Notre émerveillement vient du fait que le décor et la structure de la pièce ne font qu'un. Les effets décoratifs obtenus par la marqueterie de terres colorées évoquent la mosaïque dans ses aspects les plus précieux. Avec ses céramiques aux mille nuances, Claire Roger joue avec nos émotions et nos rêves. Pour notre plus grand plaisir, ses oeuvres recréent des paysages mentaux dans lesquels nous nous égarons sans fin. Claire Roger pratique la céramique comme on l'a rarement vue. Son oeuvre est unique, issue d'une grande maîtrise technique et d'une inspiration hors du commun.
Son travail est une aventure graphique qui s'élabore à partir des terres colorées dans la masse et dont la singularité repose essentiellement sur le traitement simultané de la couleur, du graphisme et du volume. Son imagination créatrice tire sa sève des deux premières années passées à l'Ecole des beaux-arts d'Amiens. Claire Roger s'en souvient avec reconnaissance. Enrichir avec discrétion le champ d'investigation de ses étudiants sans leur imposer ni direction ni directives était tout l'art de Bernadette Lhôte dont elle fut l'élève. C'est ensuite auprès d'Yves Broda professeur à l'Ecole des beaux-arts du Mans qu'elle trouve pendant ces trois dernières années, la liberté de faire « tout et n'importe quoi avec la terre » jusqu'à définir les bons principes, les bons mélanges. Jusqu'à décider de ne plus dissocier matière et couleur afin d'optimiser le graphisme de ses assemblages. Les rouge, jaune et blanc sont propres à trois faïences que Claire Roger utilise pour leurs teintes naturelles. Elle mélange par malaxage une terre blanche à des oxydes colorants pour compléter sa palette. Puis vient le jeu des superpositions de bandelettes, de filaments, de plaques qu'elle tranche comme du lard avant de les métamorphoser en mille feuilles pour varier les recettes, farcissant l'aventure d'incongruités dans un latin de kaléidoscope dont nous nous émerveillons toujours. Une fois composées, ces d'étoffes d'argile prennent leur volume par moitié dans divers moules d'estampage. Toutes les parties d'une pièce sont ainsi bientôt prêtes au montage. A cette étape, les jointures sont « embijoutées » de colliers, barrettes et broches tirés des rebuts d'assemblage pour ne rien perdre de la mixture originelle. La cuisson scellera le tout dans le temps qui rassure et que l'on voudrait éternel. (Source : Jean Jacquinot) Ses oeuvres sont dans de nombreuses collections publiques et particulières.